L'œuvre étrange et prolifique de Sandrine Francovic ne laisse pas indifférent, parce-qu'elle interpelle ce qu'il y a de plus profond en nous, des émotions et des colères, des sentiments, des aversions.
   Chaque tableau délivre une parcelle d'innommable dont nous découvrons en nous les intimes résonances. Parce-que Sandrine travaille sur le fil, toujours, d'une mélancolie prompte à s'émouvoir, à sourire, à espérer, son œuvre entière n'est jamais que l'autobiographie picturale de ses états d'âme (qui sont aussi les nôtres!). C'est pourquoi l'on devine, au détour d'une toile, des horizons noirs sabrés de lumière, de fabuleux contrastes évoquant les orages de nos dualités, des plages vertes ineffables, des vertiges de spirales... tout cela se mêlant dans une cohérence chromatique étonnante, qui confère à l'ensemble sa bouleversante densité.

    C'est là, juste au bord de nos blessures, comme un ourlet de cicatrice souligné d'un coup de feutre furtif, d'une balafre de crayon révélateur.
  Apparemment figée, la toile soudain se met en mouvement, elle révèle des abîmes, des exutoires, on n'en finit pas de brasser des regards, têtes d'oiseaux, truffes fidèles... le monde gire autour de nos intimes galaxies.

   Chacun pourra mesurer l'incommensurable, à l'aune de ses propres vertus, de ses propres erreurs, de sa lâcheté ou de sa douleur, en s'attardant sur le captivant imaginaire de Sandrine Francovic.

 

Alain Rived
14 janvier 2013